Je circulais entre Montauban et Toulouse, un après-midi d'octobre. Quarante cinq kilométres séparent à peine les deux villes.
Trois quart d'heures d'autoroute.
Avec un paysage d'autoroute : talus engazonnés, pancartes marrons à vocations touristiques ("Ô un pigeonnier à la con!"), stations services, ponts, flics, ponts, flics encore, tiens qu'est-qu'ils font sur ce pont la aussi, sortie StJory, tiens encore des flics, mais qu'est-ce qu'il se passe ? Le Tour de France d'octobre ? Un coup d'Etat ? ... !
Des flics sur CHAQUE pont, CHAQUE embranchement, CHAQUE sortie !
Soit le mec qu'ils recherchent a fait un truc vraiment pas bien, soit il se passe un truc. Je met la radio : "le convoi de matières radioactives venant de Cherbourg SERAIT passé par Toulouse". Comment ça SERAIT ? Même de la lune on doit voir le déploiement de pandorres ! Ils sont presbytes à France-Info ou quoi ?
Convoi noir dans le black-out
Quelques jours plus tard, j'ai appris le fin mot de l'histoire. Le convoi était bel et bien passé par Toulouse. Mais une loi récente interdit à la presse de révéler la moindre indication sur l'itinéraire d'un convoi de matières radioactives, sous peine de sanctions pénales.
C'est couvert par le secret défense.
On a le droit de déployer des milliers de flics sur des centaines de kilomètres, mais on a pas le droit de te dire pourquoi.
Des gens ont peur qu'on meurre informés (de surcoît, d'un cancer de la thyroïde)?
Qu'on m'explique : le "Patriot Act", c'était pas chez nous, non ? C'est chez les autres, les enculés de ricains, dont on pouffe sur leur démocratie morte ?