Grenoble est un terrain de jeu expérimental pour ère du tertiaire esseulé, un peu observateur, mais certainement pas amateur de vie, de vigueur urbaine et de tapage. La ville est un vaste ensemble de bâtisses immenses et grises au charme ravageur des vieilles endormies d’un monde endormi.
A la recherche du traditionnel bistro qui va sauver ma soirée, je peine dans des rues aux arrêtes droites, coupantes comme des équerres, battues par un vent froid tombé par hasard des Alpes voisines.
Je suis maintenant posé dans le coin célibataire, en face de la porte de service jouxtant le bar, je regarde sans voir le décor, les yeux un peu embaumés du Sancerre blanc que je viens de laper. Un gérant hors d’inspiration tente de manger sur le coin du bar, en aiguisant son crayon contre des additions perfectibles et se polissant le genou. Un clodo en bonnet rouge habitué des lieux entre boire un pastis que le froissé gérant manque de lui renverser sur la gabardine.
« Sont en train de démolir le Royal » dit-il d’une voix craintive.
Je rentre ensuite dans un hôtel digne de confiance qui borde une allée au nom de maréchal de la Grande Guerre, saigné d’une tranchée de tramways et frappé d’un alignement de grands cubes indéfinis aux atours bréjnéviens.
J'achète au hasard un album sur le système de diffusion propriétaire de contenus numériques (TV, films à la séance, films de boule, pop, rock). Par méconnaissance de cause, je m'acquitte de 4,95 € pour un horrible « Greatest Hits » de Fleetwood Mac. Du vol qualifié, pour de la country pour mégères.
Je fouille enfin dans les méandres de mes archives musicales, et finis par me finir à coup de valeurs sures. Voir infra.
Play list de la soirée :
> Phil Carmen – On my way to
> Laid Back – Bakerman
> Georges Michael (With Mary J. Blige) – As
> Gill Scott Heron – Lady Day & John Coltrane
> Brel – Les Remparts de Varsovie
> Scott Walket – Jackie
> Léo Ferré – Ni dieu ni maître (version piano)
> Nino Ferrer – Cannabis
> Maria Béthania & Nina Simone – Pronta pra Cantar
That’s enough for ears & tears.