Le matin, vers 8h35, je passe souvent devant ce petit Intermarché du XIIème, en revenant d'amemer ma fille chez la nounou.

Il jouxte un tabac, et un café d'habitués, sur une petite placette. De nombreux résidents des immeubles alentours viennent y faire leurs emplettes.

Certains n'ont même pas besoin de rentrer. Ils ne peuvent pas. Ils fouillent les poubelles à même le trottoir. Ce sont des petits vieux, plus nombreux en fin de mois qu'en début. Ils pourraient être le grand-père de nimporte qui dont moi, passant ce matin sans leur jeter un regard.

Ils ont un filet à provision, comme pour aller faire des vraies courses. Ils restent courtois entre eux, se partageant poliemment les meilleurs morceaux trouvé au milieu des détritus.

Cette politesse terrible est ce qu'il reste de leur dignité, qu'ils opposent passivement à nos regards fuyants, à nous qui au moment où nous passons sans les voir avons perdu la nôtre.